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Faut-il interdire le protoxyde d'azote, "La drogue du pauvre"?

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Publication: 

11 août 2020

C'est une nouvelle drogue qui séduit de plus en plus d'adolescents. Le protoxyde d'azote, surnommé « gaz hilarant », voit sa consommation grimper en flèche. Dans certaines villes, les cartouches métalliques contenant le gaz se retrouvent par dizaines, voire par centaines, sur les parkings ou dans les parcs. « On en a ramassé jusqu'à 600 par jour », confirme Sévrine Maroun, adjointe au maire d'Aulnay-sous-Bois chargée de la sécurité.

Au départ, les élus comme ceux de cette commune de Seine-Saint-Denis ne comprenaient pas d'où venaient toutes ces cartouches de gaz. « Des associations nous ont interpellés pour nous expliquer que les jeunes utilisaient ce gaz comme une sorte de drogue », raconte l'adjointe d'Aulnay. Même interrogation dans le Nord pour le maire de Wattrelos. « Pendant une fête d'école fin mai, la directrice m'emmène sur un parking et m'explique qu'ici des gamins utilisent ces capsules », se souvient Dominique Baert.


Drogue en vente libre

Cette nouvelle drogue a une particularité : elle est légale et en vente libre. Car le protoxyde d'azote n'a pas, à l'origine, cette vocation. Utilisé comme anesthésiant dans la médecine, mélangé à de l'oxygène, on le retrouve aussi dans les siphons de chantilly. Ce sont ces cartouches de recharge, vendues dans le commerce au rayon cuisine, qui voient leur usage détourné. Un gaz accessible et pas cher, ce qui lui vaut le surnom de « drogue du pauvre ».

Vidé dans un ballon de baudruche puis inhalé, le protoxyde d'azote provoque instantanément « une sensation d'euphorie avec fou rire », explique la Dre Leila Chaouachi, pharmacienne au centre d'addictovigilance de Paris à l'AP-HP. À la manière de l'hélium, il transforme aussi la voix et est donc parfois utilisé comme un jeu. Les effets ne durent que deux ou trois minutes et « participent à la banalisation de l'usage », minimisant les effets de la drogue sur l'organisme.


Jeunes consommateurs

Les risques sont pourtant bien réels. « Inhaler du protoxyde d'azote peut provoquer des effets secondaires, comme des nausées, vomissements, maux de tête, diarrhées… » liste Leila Chaouachi. « À très forte dose, on peut aller jusqu'à des infections de la moelle épinière et des troubles neurologiques. » Sans compter les risques induits par l'usage du « gaz hilarant », un gaz très froid qui peut provoquer des gelures du nez, des mains ou encore des cordes vocales. L'absence d'oxygène peut aussi provoquer une asphyxie si les inhalations sont trop rapprochées. L'effet étant immédiat, il existe également un risque de déséquilibre qui peut provoquer des chutes.

Si la consommation de protoxyde d'azote « ne fait pas l'objet d'une mesure spécifique » dans le rapport annuel de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), une étude de la mutuelle étudiante Smerep dévoilée fin 2018 la classait au troisième rang des drogues les plus consommées par les étudiants (6 %) ,derrière le cannabis (20 %) et le poppers (7 %). Signe de sa banalisation, ils n'étaient que 44 % à qualifier le « gaz hilarant » de drogue.

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